Le Vampire : personnage-clé d’une littérature à effets fantastiques par ELODIE MERCY
Version remanie d'un article paru dans « Encre noire », n° 36, 3e trimestre 2004.
Naissance d'un mythe ou croyances populaires ?
Le traitement valable de la maladie était la saignée, dont les malades contrebalançaient les effets avec du sang de bœuf. Cette technique est encore utilisée (Phlébotomie - saignée veineuse). La porphyrie est une maladie congénitale qui, bien que très rare, sévit encore de nos jours (une centaine de personnes au Québec, par exemple) et ne sera vraiment guérissable qu'avec le soutien de la thérapie génique.
Le vampire du XXe siècle
Afin de dessiner un portrait reprenant les critères physiques et psychiques de ce vampire, je vais les énumérer :
1. Synonyme d'éternité : l'éternelle jeunesse, qui pour beaucoup est un rêve lui est accessible, et par ce biais renvoie à la beauté, l'énergie, etc.
2. De moins en moins monstrueux, il s'humanise tant physiquement que psychologiquement. Il peut passer inaperçu auprès des humains et exercer toutes sortes de professions, même les plus inattendues (prostituée,…). Il ressemble de plus en plus à l'être humain. Son statut social varie (alors qu'au 19e siècle, sa seule chance de passer inaperçu provenait de son statut de noblesse) : démocratisation et banalisation de l'espèce. Le vampire d'avant était considéré comme une créature monstrueuse, un autre, un étranger, un bouc émissaire. Le vampire est maintenant un être qui nous ressemble et qui s'intègre dans la société humaine. Le vampire s'est inséré dans la société en imitant l'humain
3. Le vampire moderne doit être beau, c'est avant tout un être de séduction. Physique : généralement des êtres d'une grande force, d'une grande intelligence et d'une grande beauté avec un aspect à la fois angélique et démoniaque (pour exemple : « Losts souls » de Poppy Z. Britte)
4. N'est plus nécessairement le visage du mâle dominateur, équilibre au niveau des sexes.
5. Notion du bien et du mal différente des humains. Les chasseurs de vampires de moins en moins présents : déchristianisation et abandon de la lutte entre le bien et le mal.
6. Pourrait supplanter la race humaine (un seul commentaire : lire Christopher Golden qui introduit à ce niveau une théorie passionnante, ainsi que « Je suis une légende » de Richard Matheson)
7. Dons artistiques (« La Reine des damnés » de Anne Rice).
8. Représentation laïcisée (les symboles religieux ont de moins en moins d'impact sur la non-vie des vampires du 20e siècle). La lutte contre le vampire qui, auparavant se posait comme acte religieux, est différente : le vampire peut être le traqué, comme le traqueur. Le symbolique religieuse pour le tuer est presque dépassée.
9. Est passé du personnage folklorique au mythe.
10. Alimente sans cesse le mythe de nouvelles caractéristiques.
11. Le vampire est rarement fixé en un lieu, il voyage beaucoup.
12. Liens avec les mortels (que ce soit affectifs ou non, de plus en plus il est possible de rencontrer un vampire qui à une liaison avec une humaine et vice-versa[4]).
13. L'origine du vampire remonterait à l'aube des temps, bien que chaque auteur contemporain lui donne parfois naissance de manière insolite (Christopher Golden notamment).
Cependant, c'est à ce niveau que la comparaison « Avant/Après » importe. Tous ces détails mis ensemble traduisent un état d'esprit, une façon d'être de la société transmise dans le mythe littéraire.
Le vampire du 20e siècle est particulier… Il est attirant, intriguant… et abordable. L'humain peut l'approcher, lui parler, vivre avec, autant qu'il peut le craindre…
Certains stéréotypes disparaissent à son sujet : le soleil qui peut les tuer, les croix, les symboliques religieuses. On peut dire qu'il y a une certaine désacralisation à ce niveau, ce qui, n'est pas si étonnant que ça vu que les sociétés modernes rencontrent la même envie de rejet du culte !
Peut-on imaginer un vampire suivre une psychanalyse au 19e siècle ? Non, mais au 20e tout est possible, il suffit de lire S. P. Somtow.
Les caractéristiques récurrentes du vampire
Les caractéristiques récurrentes des victimes
Une problématique est posée…
Pouvoirs vampiriques
Les vampires, quelque soit la période dans laquelle ils évoluent présentent divers pouvoirs. Ces pouvoirs sont d'une grande importance et augmentent en fonction de l'âge de la créature. Voici quelques pouvoirs qu'il est possible de rencontrer :
- La transformation : possibilité de se transformer en animaux, en fumée et voir même en objet (dans les romans de Christopher Golden, le vampire peut modifier son apparence de diverses façon, selon son ancienneté, comme la transformation en brume) ;
- La domination : forme d'hypnotisme poussé à son extrême. Le vampire peut diriger l'esprit de l'humain sans même que celui-ci s'en rende compte ou ai donné son accord (revient souvent dans certains romans types, notamment la série des « Anita Blake » écrite par Laurell K. Hamilton ou par la force de son esprit, Jean-Claude peut marquer des humains et ainsi posséder certains pouvoirs sur leurs consciences – « Lost souls » de Poppy Z. Brite où les vampires possèdent une aura spéciale) ;
- La télépathie : possibilité de lire les esprits ;
- Célérité : capable des mêmes gestes que nous même à une vitesse incroyable, que nous ne pouvons déceler ;
- La fortuitude : le fait d'avoir une force au dessus des normes
Quelques définitions
« Vampire, wampire, oupire et upir (n.m. et f.). Les Vampires sont une sorte de revenants qu'on dit infester la Hongrie, la Moravie, la Bohème, etc. Ce sont, dit-on, des gens qui sont morts depuis plusieurs années, ou du moins depuis plusieurs mois, qui reparaissent, se font voir, marchent, parlent sucent le sang des vivants, en sorte que ceux-ci s'exténuent à vue d'œil, au lieu que les cadavres comme des sangsues, se remplissent de sang en telle abondance qu'on le voit sortir par les conduits et même par les pores. Pour se délivrer de Vampires, on les empale, on les brûle. Quelquefois, un Vampire met en rumeur tout un pays. Il s'attache aux vivants sans se faire voir, il leur suce le sang, il les mine peu à peu : ces pauvres gens dépérissent à vue d'œil, ils deviennent étiques, ils meurent à la fin. »[5]
« Vampire n.m. (all. Vampir, du slave). Mort qui aurait la capacité de sortir du tombeau pour sucer le sang des vivants et mettre ces derniers à son service. »[6]
« Véritable mort vivant, le vampire a la peau blême, les canines développées et pointues, les lèvres vermeilles, les ongles longs ; sa main est glacée et sa poigne solide. Il quitte sa retraite accompagné du bruit de chiens hurlant à la mort ou de loups. »
« Un vampire est un être non-mort condamné à boire du sang pour survivre. Selon les mythes et légendes roumains, le vampire est le cadavre d'un individu excommunié, donc qui n'a pas été enterré religieusement. Ne pouvant trouver le repos éternel, il sort la nuit de son caveau et va sucer le sang des vivants pendant leur sommeil, généralement sa famille ou ceux qui lui ont causé du mal mais ce n'est pas toujours le cas. »[7]
[2] La comtesse de sang : Erzébeth Bathory / Maurice Périsset .- Paris : Editions Pygmalion, 1975 .- 253 p. ; 24 cm .- (Bibliothèque Infernale, ISSN 0337-0712) .- ISBN 2-85704-015-6
[3] La chair et le sang : vampires et vampirisme / Elisabeth Campos , Richard D. Nolane .- Nouvelle édition remise à jour .- Marseille : C.G.R. éditions, 1997 .- 257 p. ; 24 cm .- (Les chroniques de l'étrange , ISSN 1278 – 3668) .- ISBN 2-951-0645-1-9
[4] Offrande brûlée/ Laurell K. Hamilton : l'héroïne Anita Blake vit une relation avec Jean-Claude, un vampire puissant.
[5] Dictionnaire de Trévoux, Tome VIII, 1771
[6] Le petit Larousse : grand format 2000
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